jeudi 15 août 2019

Van Salee: le premier musulman ayant débarqué aux États-Unis était-il d'ascendance salétine de Rabat?

Les faits se déroulèrent dans la New Amsterdam, l'actuelle ville américaine de New York, en 1630. Anthony Van Salee est à bord d'un navire accostant le long de la Nouvelle-Angoulême.

Van Salee


«Van» en néerlandais, est un article partitif qui désigne "de" ou "du". C'est en relation avec un endroit, un lieu ou une localité d'origine. Salee, est la dénomination anglo-saxonne qui distinguait la République de Bouregreg ayant existé entre 1627 et 1666 sur les deux rives du fleuve, associant Salé-le-neuf (actuel Rabat) et Salé-le-vieux (actuel Salé) avec la Qasbah de la Mahdia actuelle les Oudayas, comme capitale. Elle était dirigée par les Corsaires Saletins chez les Européens ou Raïs, marins, du Jihad maritime chez les musulmans. Ils sont ainsi appelés "Salee Rovers" dans la littérature anglo-saxonne. 

Anthony Van Salee est né à Carthagène, dans la région de Murcie en Andalousie, d'une mère morisque et d'un père hollandais. Ce dernier étant le très célèbre Jan Janszoon, ou Murat Raïs, le corsaire renégat qui a gouverné à une certaine époque ladite République et a conduit la très lointaine expédition en Islande.


Arrivée au Nouveau Monde


Diverses sources historiques évoquent Van Salee comme étant le premier musulman arrivé au Nouveau-Monde. En effet, il s'est converti à l’Islam avec toute sa famille en quittant les territoires des Pays-Bas. 

Toutefois, ses traits physiques européens et sa délicatesse de la bourgeoisie mauresque de Rabat de l’époque lui ont permis de passer pour un colon occidental sous le cap de la Compagnie hollandaise des Indes.

En effet, plusieurs sources citent qu'un Coran qui lui appartenait a été découvert et vendu, des siècles plus tard, aux enchères publiques par un de ses descendants.

Van Salee avait eu la chance d'être le fondateur de la première colonie européenne de la New Utrecht, à l'actuel Brooklyn, cela a fait de lui l'un des plus riches propriétaires de la New Amsterdam.
Sa descendance actuelle appartient à la bourgeoisie américaine et européenne.

La question demeure posée: « était-il d'ascendance culturelle Salétine de Rabat ? » C’est aux chercheurs en archéologie et en généalogie de le corroborer.


Lien de publication :
https://www.medias24.com/MAROC/SOCIETE/179176-Van-Salee-le-premier-musulman-ayant-debarque-aux-Etats-Unis-etait-il-d-ascendance-Saletine-de-Rabat.html

La N'zaha de Rabat, une histoire, un héritage

Dans le cadre de ses activités culturelles, l’Association Rabat Salé Mémoire, spécialisée dans la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine matériel et immatériel des cités de Salé et de Rabat, organise le samedi 21 avril son événement phare, les Journées du Patrimoine. L’édition de cette année compte parmi ses activités, le ravivement de la mémoire d’un événement populaire de Rabat d’antan: la N’zaha au Chellah.

À propos des Andalous de Rabat

Appelés aussi anciennes familles de Rabat¹ ou Bourgeoisie culturelle de Rabat², les R’batis sont un groupe social composé de familles ayant une identité et un mode de vie communs, issus de la culture arabo-andalouse. Venus pour la plupart d’Andalousie, ils ont, de ce fait, été la source d’une forte influence culturelle andalouse sur la cité de Rabat dans laquelle ils ont vécu entre 1609 et 1912, et dont les descendants, quelques dizaines de milliers, habitent encore la ville.
En effet, la vie en Andalousie, Paradis perdu, fut marquée par le luxe et le raffinement de l’époque, ainsi qu’un savoir vivre et un bien-être typique du moyen âge. À cette époque, maintes personnes avaient des habitations secondaires de campagne, une sorte de fermes d’aujourd’hui, qu’ils rejoignaient pour y passer des périodes de l’année, notamment la saison du printemps.
À Rabat, dans un temps où les voyages n’étaient pas possibles voire inconcevables, les R’batis ont fait renaître les habitudes ancestrales. Ils n’avaient de distraction que de passer une période de l’année dans leur maison de campagne aux alentours de la ville, pour les plus aisés, ou de partir à la forteresse de Chellah ou au fleuve du Bouregreg dans lesquels ils s’adonnaient au plaisir de la randonnée, appelée la N’zaha.
Ainsi, nous découvrirons ensemble la N’zaha du Chellah.

La N’zaha habituelle

La N’zaha habituelle se faisait tous les vendredis de la saison du printemps.
Jusqu’aux années 1960, les familles prenaient la route à l’aube, chargeaient leurs bagages sur leurs ânes ou mules, partaient à pieds ou bien en carrosse en ramenant des paniers de paille ou des couffins en osier couverts d’une serviette et qui contenaient la nourriture et le bagage pour s’asseoir et se protéger du soleil. A partir des années 1970, les moyens de transport s’étant développés à Rabat, les familles s’y rendaient en voiture, par bus ou en taxi.
En arrivant et après avoir installé leurs tentes et organisé leur bagage, les femmes servaient le petit-déjeuner déjà préparé chez eux.
Puis, ils se mettaient, hommes et femmes, à chanter Al-Ala, la musique andalouse, sur les mélodies jouées par un violoniste, un luthiste ou un rababiste dont chaque famille comptait un représentant parmi ses rangs. Ceci jusqu’à ce qu’ils commencent la préparation de leurs tajines de déjeuner avec de l’eau ramenée de la source ”’Aïn Lalla Chafya”, sur le site du Chellah.
Ensuite, ils servaient le thé accompagné de L’gors, petit pain traditionnel, en attendant que le déjeuner soit cuit. Les chants musicaux traditionnels R’batis, La’mayer, et Al-Ala se poursuivaient en alternance, joués avec des instruments de percussion (L’gwalTaraDa’dou’ et Terr).
Par la suite, le déjeuner était servi et accompagné de Khobz M’zoueq, pain dessiné servi lors des occasions à Rabat, et orné de grains de sésame et d’anis.
Après le déjeuner, les femmes se reposaient, d’autres papotaient et les hommes jouaient au cartes (Tijari essentiellement -jeu de cartes particulier de Rabat- et Touti).
Les jeunes et les petits faisaient la marche pour voir la Nécropole Mérinide appelée L’khelwa, ainsi que les ruines romaines et allaient jusqu’au mont, J’bel Sidi Boumnina pour jouer. D’autres allaient au Café Robinson, “Ribinso” chez les gens de Rabat, pour fumer Sebsi, le narguilé marocain.
Plus tard, le goûter se préparait, thé ou café, selon la préférence, avec des gâteaux (PallepaGh’rybaFeqqas) et les chants reprenaient.
Toute la journée était remplie de blagues et d’énigmes, L’khrayef.
Avant le coucher du soleil, la famille remballait son bagage et s’apprêtait à partir.

La N’zaha occasionnelle

La N’zaha occasionnelle, quant à elle, coïncidait avec le mois de Cha’bane, huitième du calendrier de l’Hégire. La Cha’bana, la veille de la moitié du mois se fêtait au Chellah par la plupart des familles R’baties.
D’autres personnes avaient carrément des Sania, petites exploitations agricoles, intra-muros, où y est bâtie une demeure dans laquelle ils invitaient les membres de leurs familles et leurs amis qui passaient chez eux environ une semaine (dernière du mois de Cha’bane).
Dans cette période, il y avait la coutume de partir au bassin aux anguilles, qui portait une sorte d’anneaux sur l’oreille, Kherss Nouna, pour y jeter de l’argent afin d’embellir le sort.
Quand cette période coïncidait avec la saison de reproduction de l’Alose, poisson de rivière très connu à l’époque, les familles en ramenaient pour le cuire en pleine randonnée.
Ils quittaient les lieux la veille du mois sacré de Ramadan après avoir observé le croissant lunaire. Quand le mois est confirmé, les femmes lançaient les youyous et les gens se félicitaient avant de prendre chemin à destination de Rabat.

(¹) Mariette Hayeur, “Les Rbatis-bourgeoisie de Rabat: identité et luttes de classement”, Thèse de doctorat en Anthropologie, Montréal, 1991.
(²) Camille Lacoste-Dujardin & Marie Virolle-Souibès, “Femmes et hommes au Maghreb et en immigration: la frontière des genres en question”, Ed. Publisud, 1998.

Lien de publication :
https://m.huffpostmaghreb.com/entry/la-nzaha-de-rabat-une-histoire-un-heritage_mg_5ad61033e4b0edca2cbe3fa5